le soldat antoine

Le livre est disponible en librairie et sur Amazon, la librairie des Colonnes (Tanger)
pour plus d’infos la page du spectacle

préface

Enfant, j’ai eu la chance de connaître et de pouvoir parler avec deux de mes arrière-grands-pères, et trois de mes arrière-grands-mères, qui avaient vécu la Grande Guerre. Par la suite, le soir du Noël de mes huit ans, mon grand-père, qui avait passé deux années dans un camp de concentration nazi et qui était resté plutôt silencieux sur cet épisode de sa vie, même pour son entourage le plus proche, décida de tout raconter en plein repas de famille, parlant pour tous mais ne s’adressant qu’à moi. Il pleurait. Il me regardait droit dans les yeux, et dans ses yeux passaient toutes ses émotions : la peur ou la terreur, la force ou la faiblesse, la colère ou la pitié, la rage de la souffrance, des regrets, de l’incompréhension… mais jamais de haine.

J’avais déjà vu ces regards que l’horreur voile étrangement lorsqu’ils se souviennent : quand Pépère Robert évoquait ses tranchées, quand Pépère Baptiste n’évoquait rien avec les mots mais tout avec les yeux, cloué dans son fauteuil roulant par les éclats d’obus, ses médailles exposées sur le buffet.

Et je les ai plusieurs fois recroisés dans la vie, ces étranges regards voilés : au Burkina Faso, à table avec un groupe d’hommes qui revenaient de la guerre en Sierra Leone ; en Algérie, lors du tournage d’un documentaire dans des centres de rééducation pour les victimes et les bourreaux de la guerre civile des années 1990…

Qu’ils aient été d’excellents guerriers, ou qu’ils aient plutôt subi la guerre, tous les humains gardent de cette expérience des marques visibles.

Lorsque Mélanie m’a proposé d’écrire un spectacle de marionnettes tout public sur la guerre de 14, ce sont ces souvenirs qui me sont revenus. Je pense que, par devoir de mémoire, nous sommes porteurs de messages, des meilleurs comme des erreurs, et que nous devons les transmettre au plus vite aux plus jeunes, car le luxe de la « paix » que vit l’occident depuis près de 70 ans n’a jamais été aussi fragile.

Mélanie se souvenait d’un scénario que j’avais écrit il y a quelques années, Les Tentations du soldat Antoine. Elle m’a alors proposé de partir du personnage central, Antoine, et d’imaginer son enfance, toute sa vie avant la guerre, pour essayer de comprendre comment le monde a pu en arriver là. Belle idée ! Mais c’est une gageure ambitieuse, que de tenter d’expliquer cette période complexe à de jeunes adolescents tout en construisant une histoire haletante qui donne vie à un personnage en marionnette (et malgré le thème, tout de même amusante et distrayante).

La conception de ce projet se rapproche beaucoup des précédents spectacles que nous avions adaptés et mis en scène ensemble avec Mélanie. Mais cette fois, pas d’adaptation car je prend le rôle de l’auteur… qui peut s’adapter en direct aux besoins des marionnettes ! Et pas de mise en scène : Éric Valentin s’en charge avec toute ma confiance, car son travail au Maroc m’a fasciné et fourmille de mille idées. Il reconnait lui aussi sans aucun doute, dans les rues de Tanger, les regards voilés de mon enfance.

Gaël Massé

Extraits

Acte 1, Scène 3

La grande guerre par Michel Massé

Acte 2, Scène 7

Antoine et Fetnat par Michel Massé

presse

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